Les années précédentes, nous suivions le Camino del Norte (qui longe longtemps la côte), puis le Camino Primitivo, tandis que là, nous avons rejoint le Camino Francès, beaucoup plus fréquenté, surtout quand on approche de Compostelle. Pour info, il nous restait cette année environ 180 km à parcourir pour rejoindre notre but final. Après nous être toutes retrouvées à Bordeaux (malgré les trains annulés...), nous roulons 750 km (avec la voiture d'Anne) pour rejoindre un village peu après Villafranca del Bierzo où nous laissons la voiture. Ces 2 cartes pour vous permettre de distinguer les 3 chemins: le Camino Francès au départ de Roncevaux, le camino del Norte au départ de Irun. Ce dernier se partage ensuite et on peut choisir le Camino primitivo passant par Oviedo et Lugo. Ces 3 chemins ne font plus qu'un à partir de Arzua. Vous noterez qu'il existe aussi le Camino Portugués et le Camino Sanabrés.
C'est bien différent de rencontrer autant de pèlerins alors que nous avions l'habitude de marcher sans en croiser beaucoup. Avantage, le balisage est meilleur, les lieux de restauration beaucoup plus nombreux et les auberges aussi. Sans doute aussi avions nous envie de vibrer à l'unisson avec les autres pèlerins ? On ne peut toutefois s'empêcher de se demander, en en croisant certains...celui-là, il fait juste les 100 derniers km ou c'est un "vrai" ? Après avoir traversé la Catalogne, l'Aragon, la Navarre, le Pays Basque, la Cantabrie et les Asturies...nous entrons en Galice !
Ce premier jour de marche, nous arrivons en fin d'après-midi au village de O Cebreiro. Joie de découvrir qu'une messe va avoir lieu ce soir ! Les pèlerins arrivant de tous horizons, la messe est dite en plusieurs langues. Lecture en anglais, psaume en allemand, PU en français...c'est chouette. Là encore, la proximité de Compostelle fait que les messes et les accueils pèlerins sont plus fréquents. Chouette !
Tout petit village mais où la tradition d'accueil des pèlerins est très ancienne puisque la 1 ère auberge date du IX ème siècle. C'est ici aussi que l'église abrite le St Graal ou miracle eucharistique (An 1300)
Après la messe, repas revigorant au restaurant. En Espagne, ce n'est pas comme en France où nous pouvions faire cuire notre repas dans les gîtes. Ici ils sont rarement équipés de cuisine et nous devons presque toujours aller dîner d'un menu pèlerin à 10€ comportant 2 plats et un dessert. Comme vous pouvez le constater, nous portant nos polaires car nous avons froid.
L'altitude est de 1330 mètres et on a pu s'imaginer ce qu'enduraient les pèlerins à la mauvais saison ou même un jour de tempête...
Lever au petit jour...Il fait très froid et l'herbe est couverte de gelée blanche ! Avec nos shorts, nous revivons avec émotion les petits matins de WE de guides (au Ravin des Arcs, surtout !) où nos pieds et nos jambes ont des souvenirs de froid glacial et parfois même de neige...Nous sommes début mai.
Le paysage est magnifique au lever du soleil. Au loin, quelques trâces de neige de l'hiver. Quelques km après notre départ du gîte, nous nous rrêtons dans un café pour y prendre notre petit-déjeuner. Nous ne sommes toujours pas réchauffées. Nous passons par un col avant de redescendre un peu dans la vallée. Arrêt photo devant la grande et belle statue de pèlerin. Nous prenons la pose... Les pèlerins ont de l'humour...sur les pieds de métal sont collés tout un échantillon de pansements ! Peu à peu le soleil nous réchauffe et nos pieds foulent de petits chemins bordés de prés verdoyants où au fond...coule une rivière. Ce sera un enchantement presque constant durant cette semaine en Galice.
ça et là, de typiques églises de schiste.
Certaines sont lilliputiennes...
Admirez la croix de celle-ci ornée d'un renard courant après une poule ! Beaucoup de fontaines aussi, bien pratiques pour les pèlerins.
Ces incroyables dalles de pierre cernant un peu partout les prairies ou les jardins...
Qu'elles ont été appréciées, ces haltes dans les cafés de Galice ! Nous n'en n'avons pas manquées et ce fut une bénédiction. Se réchauffer le matin autour d'une boisson chaude, se requinquer avec un café (on a découvert le café américain, le plus proche du nôtre) ou encore savourer les goûteux jus d'oranges pressés en milieu d'après-midi...
C'est dans celui-ci que nous avons rencontré Léone, une canadienne marchant seule et qui a entamé la conversation car nous parlions la même langue...Nous lui avons raconté notre histoire (5 amies de jeunesse parties du Puy il y a déjà 12 ans...) et, comme toujours, elle a été impressionnée. Elle nous a trouvées "inspirantes", c'est son mot ! Et puis reprendre la route, regaillardie par la pause, la boisson et les rencontres pour s'émerveiller devant de nouveaux petits chemins creux.
Vers midi, nous commençions à regarder autour de nous pour dénicher LE petit carré d'herbe qui nous permettrait de nous reposer, le temps d'une sieste bienfaisante. Enlever ses chaussures, partager le pain qui deviendra sandwich ( pâté, jambon, sardine...et ça tourne!), tenter de dormir quelques instants. Ce jour-là, plusieurs groupes de pèlerins passeront devant nous et certains nous prendront même en photo ! Serions nous les seuls pèlerins à nous accorder ce temps de repos ?
Ce soir là, nous avons été hébergées dans un gîte publique. De la pierre, toujours de la pierre pour ce bâtiment épousant la pente. Le plus: un grand étendoir au soleil ! La plupart des gîtes sur ce Camino francès proposent des lave-linge et des sèche-linge. A nous 5 nous en avons profité de temps en temps.
Après la douche et la lessive nous nous posons dans l'herbe chaude avec nos carnets de chants. C'est l'occasion pour nous de chanter à plusieurs voix les chants scouts de notre jeunesse mais aussi d'apprendre (merci Gene !) de nouvelles voix pour des chants religieux. Au fil du chemin, nous garderons de multiples souvenirs de belles rencontres autour de ces moments chantants qui surprennent et réjouissent bien des pèlerins.
La halte du soir permet de recharger les téléphones et de prendre des nouvelles...Nous avons bien songé à couper complètement les ponts avec nos familles mais c'est difficile. Il y a toujours un enfant qui ne retrouve plus ses affaires avant de partir en camp, un autre qui passe un concours, qui attend un résultat (scolaire, de santé etc), un mari qui a besoin d'un renseignement urgent, une amie qui nous annonce une mauvaise nouvelle...Nous récitons chaque matin le chapelet avec toutes les intentions plus ou moins lourdes des unes et des autres.
Dans cette albergue, plusieurs petites chambres...2 dans l'une, 3 dans l'autre, c'est super ! Il arrive que nous soyons 50 dans un dortoir et c'est plus dur: ronflements, bruits de ceux qui se couchent tard et qui fouillent interminablement dans leur sac (Grrr, les sacs plastiques !), bruits de ceux qui se lèvent très très tôt et qui mettent un temps fou à se préparer en allumant leur lampe...Les lits sont parfois collés les uns aux autres si bien qu'on dort aux côtés d'un pèlerin, par toujours du même sexe. Comme nous marchons moins vite que beaucoup, nous prenons les places qui restent et ce sont toujours celles du haut ! Dans ces immenses gîtes, les douches sont communes et ouvertes...je vous rassure, les hommes et les femmes sont séparés, quand même ! Que d'aventures !