Noël des mataïapo
Pour clore l'année...ce reportage sur notre rencontre avec les mataïapo, samedi dernier.
Nous nous rendons dans cette maison de retraite au bout de l'île (1 bonne heure de route) tous les 2 mois avec l'Ordre de Malte.
D'habitude, nous organisons un jeu de loto avec les pensionnaires. Cette fois-ci, pour marquer la fin de l'année nous leur proposons une messe avec notre curé de St Louis. La petite chapelle est décorée et les pensionnaires (17) ont pris place. Certains restent dehors pour avoir plus d'air. Les chants sont tous en tahitiens et quasiment inconnus car ce ne sont pas ceux chantés dans notre paroisse.
Nous installons ensuite les pensionnaires dans la grande salle voisine, là où nous jouons au loto les autres fois.
L'un de nous a fait venir bénévolement une jeune femme, ex-prix de danse traditionnelle. Elle était particulièrement gracieuse dans ses mouvements et je regrette de ne pas pouvoir vous le montrer.
Est venue ensuite la distribution de cadeaux que nous avions emballés la semaine précédente avec Domi. Ce sont des dons que l'on reçoit. Dans chaque sac, un t-shirt, un pareo, du maquillage et des produits de toilette. Personne n'ouvre son cadeau ! Ils attendent d'être dans leur chambre. ça m'a rappelé les Noëls de la sous-préfecture de St Laurent du Maroni : seuls les enfants de métropole ouvraient leur cadeau ! Les enfants locaux les gardaient précieusement pour les ouvrir chez eux.
Vous remarquez ce messieur au centre, avec sa canne blanche ? Je ne le connaissais pas car il ne vient jamais aux parties de loto à cause de sa cécité. J'étais intriguée par lui car je ne lui trouvais pas une tête de chinois ! Ici, presque tous les asiatiques sont Chinois... Et puis je trouvais triste qu'il ne puisse voir la danseuse, ni même ses cadeaux...J'ai donc entamé une conversation avec lui et il m'a confirmé qu'il n'était pas Chinois mais Cambodgien, de la frontière avec le Vietnam ! Il était bien content de savoir que j'étais née à Saïgon ! Il m'a raconté son histoire: c'est un prêtre français qui lui a fait quitter un camp de réfugiés au Cambodge (en quelle année ?) pour Tahiti. Marié ici à une cambodgienne, émigrée comme lui, il a travaillé comme agriculteur jusqu'à ce que, il y a 9 ans, il devienne aveugle. Sa femme l'a placé chez les mataïapo et elle est rentrée au Cambodge ! Les 2 fils sont militaires en France. Quand je lui ai dit que je m'appelais Véronique, il s'est écrié: c'est la 2ème Véronique que je rencontre depuis hier ! La maman de sa belle-fille lui a rendu visite hier et se prénomme comme moi. Lui s'appelle Svai Phan et me faisait penser à Papa...
Un goûter a suivi la distribution de cadeaux. Chaque pensionnaire a sa photo à sa place. Avec notre padre breton (à gauche), Christian, Domi et Manutea nous avons repris le chemin du retour avec une halte au golf de Tahiti ( mais oui...18 trous !) pour nous restaurer.
Les flamboyants sont en fleurs...ça sent la fin de l'année !
Bonne fête de la Saint Sylvestre à chacun !