A Paris
Dernière sortie de l'année à Paris avec mon groupe de Rouennaises. Je crois que j'en ai raté plus de la moitié cette année...soit parce que c'était durant les vacances de Clermont-Ferrand ou de Lyon, soit pour raison familiale, comme on dit. C'est dommage car elles sont toujours sympas et passionnantes.
Cette fois-ci, balade dans le quartier de la rue Port Royal. Le soleil brillait +++ et il faisait chaud, chaud...la journée idéale ! Nous commençons par entrer (discrètement) dans la maternité de Port Royal de Paris qui fut une abbaye de 1569 à 1790, puis une prison à la Révolution et enfin une maternité à partir de 1795, ce qui n'est pas rien. Du temps des religieuses (rattachées à la maison-mère de Port Royal des Champs), ces 2 abbayes de Port-Royal firent couler beaucoup d'encre car elles étaient des hauts lieux du jansénisme, défendu par Pascal puis définitivement jugé comme hérésie.
Il en reste un cloître aussi charmant qu'innatendu au milieu de bâtiments beaucoup moins charmants mais sans doute plus fonctionnels pour accueillir une structure médicale. Quelle bonheur pour ceux qui travaillent ici de pouvoir venir se ressourcer dans ces allées de roses cernées de bordures de myrtes qui ont remplacé les buis malades.
En 1890, la clinique Baudelocque est construite dans les jardins de la maternité et, en 1897 est inauguré le tout premier laboratoire de radiographie de France. En avril 1918, un bombardement allemand tue 20 personnes...Avec le professeur Minkowski, est créé en 1950 un centre dédié aux bébés prématurés et à la recherche en néonatalogie. La clinique Baudelocque est détruite en 2007 et la maternité de Port Royal est rattachée à l'hôpital Cochin situé juste à côté.
En voici d'ailleurs un des bâtiments que nous longeons. Chaque bâtiment est nommé selon son attribution au termes parfois surannés, comme ici avec la syphiligraphie et plus loin avec la tuberculose.
Un peu plus loin, rue Cassini, nous levons les yeux pour admirer de belles maisons au style Art Deco varié et toujours époustouflant.
Incroyable, non ?
Au bout de la rue, voici l'Observatoire de Paris, le plus ancien au monde toujours en activité. Il date en effet de 1667 ! Ce sont des membres de la famille Cassini qui, pendant 125 ans seront à la tête de cette Académie des Sciences.
Pas très bucolique mais bien intéressant malgré tout !
On poursuit dans le "non bucolique" avec la rue de la Santé et sa prison bien connue construite en 1867. Elle est désormais la seule prison intra-muros. Anne d'Autriche y avait fait bâtir une maison de santé, ce qui a donné le nom à la rue. Jusqu'en 2000, les détenus sont regroupés selon leur origine ethnique:
De 2014 à 2019, d'importants travaux de modernisation vont modifier les lieux.
De nombreuse personnalités y ont fait un passage, mais beaucoup me sont inconnues. Dans le désorde, je retiens: Guillaume Apollinaire, Patrick Balkany, Ahmed Ben Bella, Yvan Collona, Jacques Crozemary, Maurice Papon, Jean-Pax Méfret, Jacques Mesrine, Joye Starr, Bernard Tapie, de nombreux résistants...
Changement de décor ! Le voici le bucolique ! Delphine nous entraîne dans la merveilleuse cité des artistes où sa fille réside actuellement et, grâce à qui nous pouvons passer la grille. Créée entre 1878 et 1888 sur un terrain vague, 65 boulevard Arago (XIII ème) avec les matériaux ayant servi à l'Exposition Universelle de 1878, je vous présente "la Cité fleurie" ! Elle est destinée aux artistes et, Modigliani, Gauguin et bien d'autres y ont séjourné.
Cible d'une opération immobilière, elle faillit être détruite en 1971 mais fut sauvée grâce à la mobilisation des riverains et l'intervention, in-extremis de notre président, Georges Pompidou. La cité fleurie est maintenant partiellement inscrite aux Monuments historiques...ouf ! De 1934 à 1939, la cité abritait "la bibliothèque allemande de la liberté" fondée par des Allemands antihitlériens en vue d'y recueillir les livres proscrits par l'Allemagne nazie.
On passe la grille pour se glisser sous le porche et, tout au bout, commence le Paradis !
29 chalets agglutinées les unes aux autres s'éparpillent dans un jardin extraordinaire. 2 allées circulaires permettent d'en faire le tour, à gauche et à droite de l'allée centrale.
Cette même allée centrale nous entraîne jusqu'à un portail fermé à travers lequel on distingue un chemin se perdant dans une propriété privée. Inouï, nous sommes dans Paris !
Bien sûr, pas possible de visiter les logements mais on les devine tour à tour désuets, vétustes, ravissants, sombres et peu pratiques.
Leur charme provient surtout de la végétation luxuriante qui enveloppe les maisons, noyant de vert et de couleurs les allées mal jointées.
Disséminés dès que la végétation se fait moins dense, d'exquis guéridon, de branlantes chaises en bois animent de minuscule îlots.
De bric ou de broc, certains sont en plastique, hélas...
Dès les premiers beaux jours, comme il doit faire bon prendre un café, écouter le chant des oiseaux...
Certains auraient-ils des velléités d'élaborer un potager ?
Un érable deverse son feuillage pourpre et rompt ainsi avec la verdure environnante.
Des rosiers partout, bien sûr, dont ce beau sujet "Pierre de Ronsard".
Les jeux d'ombres et de lumières ajoutent au charme des sentes.
Je ne sais pas si je suis parvenue à prendre en photo toutes les tables...nous ne pouvions pas trop prendre notre temps, hélas.
Je vous quitte avec ce petit coin enchanteur qui résume à lui seul la douceur de vivre de cette citée fleurie.
Cela me fait penser au village de Chédigny (37), près de Loches et où le maire, depuis des lustres a pris le parti de fleurir toutes les rues, toutes les façades, tous les trottoirs. De village morose de 570 habitants, Chédigny est devenu un village-jardin remarquable ! Il offre plus de 1000 variétés de roses (la plupart anciennes) et les habitants se sont depuis longtemps pris au jeu et prolongent, jusque dans leurs jardins et leurs balcons cet avant-goût du Paradis. Il est même proposé aux professionnels et aux particuliers des stages de "savoir-faire jardinier" !
Les fleurs, ça vous change la vie ! Si chaque village, chaque quartier de ville se lançaient dans ce projet, nul doute que les voisins se parleraient et qu'il y aurait moins de gens moroses !
Mon article était un peu long aujourd'hui...