02 novembre, célébration des défunts. Belle occasion de se remémorer tout le bonheur dont ils ont enrichi nos vies.
A Grabels, la tombe de mes parents a été fleuri.
A la Richardais, c'est nous qui avons fleuri celle des grands-parents de JF.
Et puis, la ville de St Enogat proposait une visite guidée du cimetière...nous nous y sommes rendus malgré le temps très humide.
Nous étions nombreux et la guide était surprise du regain d'intérêt pour ce patrimoine si riche et si passionnant.
Elle nous a conté l'histoire de toutes ces personnes, françaises, anglaises ou américaines qui ont oeuvré pour que St Enogat devienne une si jolie station balnéaire (dès 1860) jouxtant celle de Dinard.
Je n'avais encore jamais vu ça, moi qui arpente pourtant régulièrement les cimetières : une pièce de 2 euros (un jeton de caddie ?) pour avoir droit à l'arrosoir ! C'est bien triste de devoir en arriver là...
Le coin des petits enfants. Certaines tombes, juste entourées de bois, sans croix et sans nom commencent à disparaître...
Cet ensemble plutôt original et tout en longeur abrite un couple. D'un côté sont enterrés les membres de la famille du marié et de l'autre ceux de la mariée !
Joli travail, sans cesse à recommencer avec amour et patience.
Beaucoup d'ouvrages métalliques témoignant d'une certaine époque. J'aime beaucoup ces tombes qui ressemblent à des lits d'enfants.
Beau et émouvant.
Admirez cette croix richement travaillée et habillée de fleurs de chrysanthèmes.
Ici, un lys s'élève le long de la croix.
Quelques tombes monumentales dont celle ci en l'honneur d'une femme russe.
Celle-ci, réalisée en briques, vous l'aurez deviné accueille un Anglais.
Cette "jungle" est-elle due à un effet de style ou à l'abandon ?
Là, des bergenias peut-être un peu trop exubérants laissent entrevoir une ancienne bordure de bois blanche.
Encore des bergenias pour ces tombes d'enfants.
Ici, la charmante croix de bois a du accueillir une statuette, mais plus personne, semble t'il ne vient plus la repeindre...
Autre style avec ce gracieux rosier rouge accompagnant de lourds chrysanthèmes.
Un peu lourd, peut-être ?
Surprenant caveau en forme d'église pour un ancien curé de St Enogat, décédé en la fête du même nom !
Le coin des soldats morts durant la 1ère guerre mondiale. Joie de constater que ces tombes sont fleuries par la commune.
Au détour d'un caveau, une guirlande de "ruine de Rome" serpente sur la pierre.
Encore quelques tombes abandonnées ajoutant au charme de ce joli cimetière. Si seulement ces tombes pouvaient parler !
Des restes de rosiers, du temps où des mains aimantes et éplorées arrachaient les mauvaises herbes...
Ici, à travers les volutes évidés de la porte apparaissent le caveau et la chapelle d'une jeune fille de 16 ans. La photo de ses parents, un buste en marbre de la jeune fille, une mêche de ses cheveux, des fleurs délavées par les années...
Accolé au cimetière, un immeuble récent et puis la mer. Que j'aimerais habiter un appartement avec vue sur la mer et le cimetière ! Quel beau lieu de promenade ! Quelle grande famille que celle de tous les saints et qu'il doit être agréable de les avoir pour compagnie, de leur rendre visite, d'apprendre à les connaître et pourquoi pas d'entretenir leurs tombes délaissées ! Dommage que le mur du fond n'ait pas été réalisé en belles pierres de granit...
Encore une dernière tombe, celle de Judith Gautier, la fille de Théophile, le cher poète. Amoureuse de St Enogat, elle fut enterrée là avec une jeune amie, Suzanne qui la suivait à la fin de sa vie. Judith (de son vrai nom Louise), née en 1845 (la date n'est pas notée, par coquetterie)était très érudite et fut la 1ère femme à être admise à l'Académie Goncourt. Elle écrivit de nombreux livres aujourd'hui tombés en désuétude et traduisit en français (à l'âge de 22 ans !) des ouvrages de poésie chinoise car elle avait appris la langue. Elle eut aussi de nombreux amants lettrés dont Victor Hugo. Sur sa tombe, une épitaphe écrite en vietnamien par un ardent admirateur.
Vue sur la mer en sortant du cimetière...
Accès à la plage par l'une des nombreuses ribines (petit sentier, mot issu du breton).
La mer est superbe: teintes gris/bleu de ses eaux, multitude d'écueils et de vagues blanches, ciel bas...l'accord parfait !
Pour conclure cette escapade de saison, belle et mélancolique, un poème de Théophile Gautier en cadeau:
Au bord de la mer
La lune de ses mains distraites
A laissé choir, du haut de l’air,
Son grand éventail à paillettes
Sur le bleu tapis de la mer.
Pour le ravoir elle se penche
Et tend son beau bras argenté ;
Mais l’éventail fuit sa main blanche,
Par le flot qui passe emporté.
Au gouffre amer pour te le rendre,
Lune, j’irais bien me jeter,
Si tu voulais du ciel descendre,
Au ciel si je pouvais monter !
Théophile Gautier, Espana