Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Carpe Diem
Archives
Derniers commentaires
3 mai 2013

vieillesse

SAM_2505

"On me dit que ça finira mal, ou que ça finira et c’est déjà un drame. On me dit que la vieillesse est un naufrage et que l’on n’y échappe pas. Mais moi, quand je marche là, entre deux haies odorantes, quand je passe sous les gros chênes qui vivront bien après moi, je ne veux pas y croire. Il y aura toujours le printemps et le ruisseau trop plein et même si un jour, j’oublie jusqu’au prénom de mes enfants, il sauront que je les aurais toujours aimés et que toujours je les aimerai, ils sauront que je suis pleine de confiance en eux, même si les traits de leurs visages se mélangent pour moi. Peut-être que mes souvenirs s’emmêleront, iront se fracasser contre les parois d’un cerveau trop usé, mais ils auront cette certitude au fond d’eux qu’ils m’ont faite autant que je les ai faits, et que si je préfère m’enfuir vers ces souvenirs mités, c’est pour retrouver la vie qu’ils m’ont fait aimer ou pour me réfugier près de leur père, le souvenir de sa peau, la finesse de ses poignets. Peut-être que j’oublierai le prénom qu’il portait, la couleur de sa chemise quand je l’ai rencontré, mais jamais la finesse de ses poignets.  Si jamais je me perds, si j’oublie un moment que j’ai des enfants,  ils faut qu’il sachent ;  ils pourront me retrouver du côté des rosiers, les mains dans la terre, les doigts agités parce qu’ils auront retrouver ce plaisir primaire, celui que m’a fait découvrir mon grand-père. Et puis si je n’aime plus les roses, j’aimerais autre chose, il y aura toujours la lumière du jour et Mozart à n’en plus finir. Et si je n’aime plus Mozart il y aura Schubert.  J’espère qu’ils en seront sûrs, parce qu’il n’y aura pas plus vrai, sûr que je les aime à l’infini même si je ne leur dis plus, même si je suis devenue méchante avec eux. Même si je me noie dans les regrets, je veux qu’ils sachent qu’ils ont fait exploser ma vie. Eux et lui,  et qu’avec chacun de mes enfants, à chaque enfant né, ou même tout juste conçu, c’est un univers entier qui s’est ouvert. Un univers que je n’aurais jamais complètement découvert. L’infini, le vrai, sans paroi ni retour. il faut qu’ils sachent, si une fois  devenue vieille, je me mets à pleurer ceux qui ne sont pas nés, ce sont eux, les bien vivants qui m’ont apporté les bulles et les feux d’artifices. Puisqu’il faut que ça finisse, puisqu’on m’aura prévenue, mise en garde, puisque la vieillesse est un naufrage, puisque je n’y échapperai pas, il faut qu’ils sachent que je serai une naufragée heureuse et que si je me noie, le bain dans lequel la vie m’aura lâchée ne pourra pas tout engloutir."

blog: tous les jours dimanche

 

Commentaires
M
C'est trop beau ma mamounette !
Répondre
P
trop joli...
Répondre
Carpe Diem
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 224 853