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Carpe Diem
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22 mai 2013

Tous les jours dimanche

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J’y suis. Je crois, L’autre soir je me suis regardée dans le miroir de la grosse armoire, au milieu de la chambre envahie par des vêtements que les travaux de la maison n’arrêtent pas d’entasser. J’étais là, et je me suis aimée. Presque aimée, j’ai sentie que je pourrais m’aimer. J’ai regardé ce corps et observé ses contours, je n’ai pas beaucoup aimé ce que j’ai regardé mais j’ai ressentie de l’amour pour ce qui se trouvait dedans. Un corps de quarante-deux ans, presque quarante-trois. Non, pas presque quarante-trois, pas encore. Un corps qui a porté cinq enfants, à peine remis de l’idée de ne plus en porter, souvent bousculé par l’idée de mourie un jour. C’est comme la certitude maintenant que je n’ai aucun talent, ou pas le talent que je voudrais, cette colère noire qui s’empare de moi à chaque fois que j’y suis confrontée. Bon dieu ce que je voudrais, je l’ai mérité. Je sais que ce corps restera ce qu’il est avec « les heures de vol » dont un jour un garçon m’a parlé. On ne me dira plus jamais « combien d’années avez-vous fait de la danse ? » on me regardera toujours ave cet air attendri quand je parlerai d’écriture sans oser dire à quel point les mots qui s’enchaînent me font vivre, exister, me permettent de ne pas tout le temps crier. L’autre jour j’ai regardé ce corps et j’ai vu ses contours, je l’ai aimé, adoré son besoin criant de mots d’amour. J’ai eu envie de lui en murmurer.  Après tout, il me suffit du souvenir de mes vingt ans et de mon envie de rondeurs italiennes. C’est comme si j’y étais. Mes seins sont barrés de veines bleues qui ne partiront plus jamais mais ils sont ronds et lourds. Alors quoi vouloir de plus, petite fille pourrie gâtée ? Rien après tout, puisque chevillé à ce corps enfin regardé le goût de la vie et du temps dégusté. C’est comme ça, je suis faite pour m’aimer, pour aimer ce que je vois et ce que ma rétine peut garder, tous les sons et les voix que j’enregistre et consigne comme si j’avais peur de les perdre. Puisque je ne me suis faite  pour ne voir que le verre à moitié plein et avancer. Petit soldat du bonheur quotidien, je suis faite pour avancer, tout est vrai, rien n’est feint. Je sais écouter le chant des oiseaux et m’émouvoir d’un vert de printemps. J’ai appris à puiser dans mes souvenirs les sensations qui ne me seront plus offertes. Malgré la lucidité,  j’ai le goût de la vie et l’impérieux besoin de prendre tout ce qu’elle a à me donner. J’ai si  peur de passer à côté.

"Tous les jours dimanche". L'auteure écrit si bien...c'est ici.

Commentaires
M
Très beau !
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