Histoires de pauses

 Petit aperçu sur les pauses qui jalonnaient nos journées. On s'en souvient car de leur qualité dépend en partie notre moral...

Celle-ci après une longue montée dans la forêt. la barrière était pile-poil à la bonne hauteur! Merci Seigneur!

Pause de 10h où nous essayons de nous repérer sur le topo-guide. Nous en profitons aussi pour boire et nous restaurer un peu. Quelques fruits secs, biscuits ou carrés de chocolat...ce dernier fond bien un peu mais il est indispensable!

Nous marchons beaucoup chaque jour (entre 25 et 30 km) mais nous savons aussi profiter d'une jolie vue, d'un bel endroit pour faire halte. Hélas, en Espagne, toutes les églises semblent fermées...

Autre halte indispensable: la sieste! Généralement, nous repartions marcher un peu après la pause repas du déjeuner avant de couper l'après-midi par cet arrêt où, sauf exception, nous dormions profondément durant 1/2 heure. Il fallait nous voir cherchant avidement une belle pelouse ombragée(herbe douce et pas trop haute, sans crottes de chien ou cochonneries)qui accueillerait nos corps meurtris...

Court repos aussi devant une épicerie (canapé devant l'épicerie!)tandis que d'autres achètent le pique-nique quotidien (Clin d'oeil à Véronique du 17 qui m'a fait remarqué que j'écrivais "pic-nic"...Je trouve ça tellement plus joli!).

Presque chaque jour nous avons mangé des sandwichs au thon à l'huile, à la fois délicieux, facile à transporter et supportant parfaitement la chaleur contrairement au jambon ou au pâté. Une tomate, un bout de fromage et quelques fruits juteux complétaient notre pitance du midi. Le soir (vive l'Espagne!) nous mangions au restaurant le menu pélerin puisque nous ne pouvons pas (sauf exception)nous faire à manger dans les gîtes. Ce ne fut pas toujours très fin ni léger mais par contre ce fut toujours très abondant. Et puis c'est sympa de se mettre les pieds sous la table et de découvrir des spécialités parfois étonnantes. Traduire le menu n'est pas toujours aisé et nous avons eu quelques surprises dans nos assiettes!

 Pause de l'après-midi en attendant le bac qui nous amènera à Santander, ultime étape. Bon, on est un peu avachies mais il faisait chaud et la fatigue était là.

Parlons maintenant de la pause du soir...Celle que l'on a attend avec empressement! Celle qui parait interminable à atteindre! Celle qui réserve des surprises car chaque soir différente et imprévisible...Ce soir-là nous nous étions rendues à Laredo au couvent des Franciscaines. Comme d'habitude, nous arrivions après tout le monde...Épuisées, nous nous entendons dire par la soeur qu'il n'y a plus de place malgré la grande capacité...Gene, notre interprète (nous en avons une autre, Sophie, quelles soient bénies toutes les deux!), pélerine éplorée insiste et propose que nous dormions par terre. Prise de pitié, la jeune soeur interroge la mère supérieure et plaide notre cause. Elle obtiendra pour nous la sobre et grande chambre (Ô combien luxueuse pour nous!) ci-dessous. Nous dormons toutes ensemble, seules et avons même une belle salle de bains rien que pour nous! En vitesse les soeurs ont préparé les lits et branché l'eau chaude...Elles aussi, qu'elles soient bénies! Après une bonne douche, nous avons assisté à la messe et reçu la bénédiction ainsi qu'une quinzaine d'autres pélerins. Joie de constater que beaucoup d'entre nous sont en attente de cette présence de Dieu sur leur chemin.

 Gîte du dernier soir...là aussi, la bonne surprise! Son gardien avait ouvert les lieux 3 semaines avant et il était impeccable et beau. Une chambre "presque" rien que pour nous où Mickaël nous a tenu bien discrètement compagnie. Ce gars marchait à 100 à l'heure (facile, il avait des jambes immenses!) et disait marcher sur le chemin de l'Amour...Arrivées avant Mickaël dans cette chambre (il avait fait 2 étapes en une seule soit plus de 50 km!), nous avons la joie ( vous ne pouvez pas comprendre...) de pouvoir chacune dormir dans les lits "du bas"! C'est plus pratique pour poser ses affaires, pour s'asseoir, pour se lever la nuit...et l'escalier est tellement douloureux pour nos pieds fatigués! Sans compter que les lits sont parfois à 3 niveaux et sans échelle! 

Le premier soir à Bilbao nous avons dormi dans une grande auberge où nous étions 28 dans le dortoir, hommes et femmes mélangés. On s'en souviendra! Alors que la majorité des pélerins, fatigués, essaient de dormir, il y a ceux qui allument la lumière et parlent fort, ceux qui fouillent longuement dans des bruyants sacs plastique, ceux qui ont des scratchs à leur chaussures et jouent avec, ceux qui ronflent à plein poumons, ceux qui pêtent avec force et insistance...Nous étions partagées entre le fou-rire et la colère!

Les jours qui suivent on se dit: "pourvu qu'on ne les retrouve pas à l'étape suivante!" et qu'on retrouve toute la semaine... Et puis il y a ceux avec qui on sympathise et que l'on regrette de quitter.

Le deuxième soir, nous parvenons à un petit gîte proche de la plage, persuadées que nous n'aurons plus de place. Il en reste juste 5...Alleluia!

Un autre soir où nous n'aurons réellement pas de place à l'auberge on nous indique un autre gîte à 10km de là...Nous nous y rendrons (en bus...) et découvrirons un joli petit coin où nous dînerons d'un bon sandwich à l'omelette face à la mer.

Il faut apprendre à s'abandonner à la Providence et ce n'est pas toujours naturel ni facile...

Comments

[petite soeur]

très joli résumé...