Cimetière britannique de Rouen

 Avec le groupe habituel depuis 4 ans, nous avons repris nos sorties mensuelles à Rouen. Le Covid avait tout arrêté. Entre les visites de Rouen et celles de Paris, j'ai bien de la chance !

 Ce jour là, nous avions RDV au cimetière britannique où la guide nous attendait. Nous étions déjà venus ici avec JF mais sans guide, donc sans beaucoup d'explications. Ce cimetière britannique est le plus grand de tous les cimetières britanniques de France. Toutes les pierres tombales sont identiques, par souci d'égalité. Sont inscrits le nom et le prénom, la date du décès et l'insigne du régiment auquel appartenait le mort. 

 On trouve ici des soldats anglais, irlandais, new zélandais, indiens, canadiens, sud africains, australiens, soit près de 12000 hommes et femmes. Oui, il ya quelques femmes, des infirmières. On y trouve aussi 1 Français (pourquoi? ), 4 Italiens (pourquoi? ) et 44 Chinois. Les Chinois étaient recrutés, non pas pour se battre mais pour creuser des tombes, creuser des tranchées, porter les bagages...On les appelait des coolies. 

 Le cimetière appartient au Commonwealth. Il en est propriétaire et gére son entretien. Pas moins de 7 jardiniers travaillent ici...il faut voir le résultat ! Pas un pissenlit dans la pelouse, des fleurs partout et en toutes saisons. A la fin de la guerre, les autorités brittaniques ont interdit le raptriement des corps vers leurs pays respectifs. Par solidarité avec les familles dont les dépouilles des défunts n'avaient pas été retrouvées ? Pour éviter des frais à l'heure où il fallait reconstruire et redémarrer l'économie ? Surtout, semble t'il parce que les Britanniques souhaitaient que ces cimetières témoignent de l'extraordinaire engagement de leurs troupes dans ce terrible conflit. Les Français se souviendraient-ils de tous ces morts étrangers sans les cimetières ? 

 Durant la 1ère guerre, des hôpitaux étaient installés un peu partout en France. Il en existait plusieurs à Rouen. Celui des Britanniques, très important accueillait tous les blessés rapatriés du front. Beaucoup mourraient dans les trains qui les ramenaient car les trains partant pour le front étaient prioritaires par rapport à ceux qui en revenaient...Beaucoup mourraient aussi dans cet hôpital de campagne où il manquait de tout, de médicaments, de nourriture et où il faisait très froid l'hiver. 

 A un espace de pelouse du cimetière britannique, le cimetière français de la 1ère guerre. Rien à voir, n'est-ce pas ? Je crois que seulement 2 jardiniers sont responsables du cimetière des soldats et de celui des civils. L'herbe est mal tondue, partout des pissenlits et du chiendent...Certaines tombes sont penchées voire cassées et les noms des soldats ne sont plus visibles. Quelle tristesse...Pas de fleurs non plus. J'imagine qu'il y aura des chrysanthèmes pour la Toussaint, mais j'ai un peu honte face aux tombes britanniques, je l'avoue. Ce n'est quand même pas compliqué de planter des vivaces, de les diviser quand elles prennent trop de place pour les planter un peu plus loin ! Mieux vaudrait un cimetière quasi abandonné envahi sous la végétation qu'un cimetière abandonné et moche. 

Ce sublime bouquet de colchiques pour terminer sur une note moins pessimiste. 

9355 britanniques, 896 Australiens, 459 Canadiens, 185 Néo-Zélandais, 345 Indiens, 103 Sud-Africains 88 des Indes Occidentales sont morts et enterrés dans ce seul cimetière de Rouen. Qu'ils reposent en paix avec toute notre reconnaissance.

Comments

[Evelyne]

Merci à tous ces soldats .