Chaque dimanche, il emmène dans son petit sac une tenue de rechange, son flacon de Dépakine et une feuille avec quelques consignes : il est invité chez ses amis. C’est un beau garçon, attachant, très gai et coquin, puis, renfermé car fatigué. Il a 16 ans, un retard intellectuel important, des traits autistiques et quelques crises d’épilepsie pour pimenter nos nuits. Parfois, il plonge son regard dans le nôtre, c’est bref, mais intense, nous y puisons notre réserve d’amour et d’énergie. C’est notre Aymeric.
Pour ceux qui l’accueillent le dimanche, c’est une richesse. Ils acceptent de se laisser toucher. Et le contact d’Aymeric, un être aussi fragile et innocent, transforme en profondeur. Notre fils porte du fruit. Il est le réceptacle de la miséricorde qu’annonce Isaïe : « Ton nom est inscrit dans la paume de ma main, tu as du prix à mes yeux et je t’aime. » Miseri-cordia, c’est bien le cœur donné au pauvre.

Le dimanche, pour nous, c’est un temps plus calme avec les grands. Pendant quelques heures, on peut relâcher notre vigilance, et discuter avec eux. Pour lui, c’est être dans le monde, au contact de jeunes, découvrir d’autres lieux, s’acclimater à de nouveaux visages, sentir des ambiances différentes. Grâce à ce réseau d’amis, nous avons le sentiment de ne pas être seuls à faire grandir Aymeric.
Un parrain, une marraine, un Doodle* avec les dates des dimanches, une trentaine de familles amies et notre Aymeric devient ambassadeur du handicap. Il ouvre les cœurs. Une amie le ramenant un dimanche soir me confie : « Aymeric me mène à l’essentiel. » 
À chacun sa part, dit la légende du colibri. Aymeric remplit la sienne, largement !

* Site internet permettant à un groupe de personnes géographiquement dispersées de choisir facilement une date pour un événement.