L'article d'aujourd'hui, je le dois à mon amie Evelyne, celle qui prend le temps de m'écrire chaque jour ou presque un gentil commentaire, parce qu'elle sait que ça me fait plaisir et m'encourage à persévérer.
Evelyne, je l'ai connue à Tahiti...et nous ne nous sommes plus quittées, malgré les distances géographiques ! Maintenant établie en Anjou, j'étais allée lui faire un petit coucou (avec Geneviève), à la fin de notre semaine st Jacques, il y a 2 ou 3 ans. Son mari médecin, Christian retourne régulièrement pour des missions de plusieurs mois à Tahiti. Durant ces missions, Evelyne part visiter ses enfants, dont Pierre qui vit à St Barth, dans les Caraïbes.
C'est de Gustavia, la capitale qu'elle continue à me partager les fioretti de sa vie d'expat. La douceur de vivre, la gratitude, ses bonnes lectures (je l'avais invitée à faire partie du jury du prix Roblès ), ses divers engagements bénévoles...La Croix Rouge Antilles lui a d'ailleurs demandé d'écrire un témoignage sur son engagement à l'ephad de Gustavia qu'elle m'a gentiment fait suivre. Avec son accord, je vous le partage, ainsi que ses photos.
Souvenirs de Germaine , 94 ans .
Nous étions 8 enfants , j' étais l' ainée des filles et c' était normal que j' aide ma mère à la maison. Je suis allée à l' école jusqu' à l' âge de 12 ans :
" Je n' ai pas mon bac ! " dit- elle en riant .
On avait 1 heure de marche pieds nus pour aller à l' école.
Notre maison n' avait que 2 pièces , un salon et une chambre , on dormait tous ensemble, nous n' avions pas de matelas, on s' allongeait sur des vieux vêtements .
La cuisine était dehors, on cuisait sur un feu de bois entouré de cailloux comme en Afrique.
Pas de frigo , on conservait la viande et le poisson dans le sel.
On prenait l' eau dans les mares de la montagne pour les lessives.
" On se plaint maintenant , mais pourquoi ? " me demande t- elle.
Nous étions des enfants très obéissants car derrière la porte il y avait un fouet ; ça rigolait pas ! ...
Puis à 25 ans, j' ai été embauchée par une famille américaine et je suis partie 5 ans en Pennsylvanie pour m'occuper des enfants.
Je n' ai jamais voulu me marier. J' ai passé mon temps à m'occuper de mes frères et sœurs puis des enfants des autres.
" Avoir des enfants et recommencer, c' était NON !"
Quand je suis revenue sur mon île, j' ai travaillé dans les hôtels et avec mon salaire, j' ai voyagé: Venezuela , Saint Domingue et elle ajoute avec un grand sourire : " j' ai vu Paris et la Tour Eiffel ! "
Chaque fois que je la quitte , elle me dit toujours : " Profite bien de ta jeunesse !"
Germaine est une bien belle leçon de vie.
Témoignage d' une bénévole .( Evelyne 72 ans )
Avec les personnes âgées on écoute , on rit, on complimente, on communique , c' est une belle rencontre;
C' est une relation avec une personne entière, vivante, en retrait de la communauté .
Notre présence est une récréation, une reconnexion , comme un souffle de vie extérieur.
Nous sommes dans l' échange pour lutter contre l' isolement , nous leur permettons d' être.... car ECHANGER c' est ETRE VIVANT.
On peut avoir l' impression que c' est peu , rien d' exceptionnel mais pour la personne visitée, c' est un moment extraordinaire.
Un temps de complicité qui ne sera que pour Elle.
C'est une relation , ou un don , dans les deux sens , on reçoit autant que l'on donne, c' est de la chaleur humaine entre deux personnes.
Merci, chère Evelyne !
PS: message pour ma tante Joëlle: c'est Evelyne, dont je t'ai parlée qui apprécie tant de lire tes petits billets chaque mois . 😀