Les villas balnéaires de Normandie

Samedi, Nous nous sommes rendus à l'Hôtel de Région où se tenait une exposition sur les stations balnéaires normandes de 1840 à 1914. Nous n'étions que 4 et notre guide était parfaite. 1h30 de visite mais nous aurions pu rester bien plus si un autre groupe n'attendait pas pour prendre notre place. Dans le beau hall de l'Hôtel de Région, de grandes affiches devant lesquelles nous déambulons.

La vogue des bains de mer est née en Normandie (pas en Bretagne...)il y a 200 ans, dès la fin du XVIIème. C'est la duchesse de Berry qui, la première a associé tourisme et bains de mer, bientôt suivie par l'ensemble de la Normandie puis le reste de la France. Les bains de mer étaient réputé TOUT soigner ! La folie, la rage, la neurasthénie...sur ces images du XIXème, on aperçoit les hommes recrutés pour accompagner les malades dans l'eau. C'était fait sans ménagement et les malades devaient être terrorisés, d'autant plus qu'ils ne savaient pas nager. Des cabines permettaient de se changer à l'abri des regards. Une corde séparait les eaux en 2: côté femmes et côté hommes. 

La nage était peu développée et la mer bien agîtée. Sans compter que ce sont bien souvent des galets et pas du sable sous les pieds...une corde permettrait de se tenir pour résister à l'assaut des vagues. 

Le tourisme lié aux bains de mer a été encouragé par le développement du Chemin de fer qui est passé de 3000km de voies ferrées en 1850 à 16000km 20 ans plus tard. De nombreuses affiches publicitaires voient le jour, chaque ville créant la sienne. Même les classes moyennes pouvaient se permettre d'aller passer une journée ou plus à la mer car les tarifs des trains étaient attractifs. A l'arrivée, des voitures hippomobiles et des bus acheminaient les voyageurs vers les villes ne disposant pas de gare. 

Peu à peu, les villes balnéaires ont occupé toute la côte d'Albâtre, la côte fleurie, la côte de nacre...les villes créées par les architectes ressemblaient un peu à des éventails: le centre, collé à la plage puis des lots de terrains encadrées par des rues convergeant toutes vers le centre et la plage. Ici, Cabourg.

Les classes plus populaires se contentaient (et elles étaient heureuses!) de cabanon en bord de plage. Sur les photos, la même famille à 2 moments différents. 

Les villes ont poussé comme des champignons ! Ici, au Tréport, il ne reste plus rien des ces hautes maisons au pied des falaises. Elles ont toutes été détruites par les bombardements de 1944. Quel dommage car, après la guerre ce sont d'horribles maisons carrées et sans charme qui les ont remplacées à bien des endroits...

Il faisait bon être architecte à l'époque ! La liberté était totale et chacun pouvait faire preuve d'une grande originalité. Il fallait faire mieux ou différent du voisin et toutes ces belles demeurent ont cohabité avec bonheur.  On a pu voir des styles italiens, japonisants, perses, mauresques, suisses, norvégien...incroyable ! Bien souvent, c'est le bois, la brique et le silex de Normandie qui se sont imposés, comme ici. 

Beaucoup de ces belles maisons ont disparu, à cause de la guerre mais aussi parce que de grands terrains ont été divisés en parcelles plus petites au fil du temps. Le ciel chargé d'embruns s'est chargé lui aussi d'abimer le bois des toitures et des balcons. Parfois, ce sont les falaises qui se sont effondrées, rongées par la mer et les maisons sont tombées avec. Sur la 2 ème photo, on a du mal à imaginer que cette oeuvre si belle était réalisée en préfabriqué pour l'exposition universelle de 1867! Elle a hélas disparu sous les bombardements...

Ici, une villa d'inspiration norvégienne, toute blanche et en bois. Une autre maison haute en couleur de style italien, encadrée de pins. Et puis la 3ème a adopté le style des pagodes chinoises ! Quand je vous dis que c'est fou !!! L'essor du colonialisme, les expositions universelles ont entrainé un désir d'exotisme et les architectes ont su se faire plaisir. 

Enfin, tout aussi incroyable, le salon perse d'une maison balnéaire...il fallait oser ! Ici, on recevait, on parlait arts et politique. De nombreuses personnalités étrangères (et riches !) venaient découvrir le charme des villes balnéaires à la française et importaient leur art de vivre. 

Je termine avec cette construction de l'architecte Hector Guimard datant de 1903. Exemple de style Art Déco assez surprenant ici. La maison a disparu en 1942. 

Cette archiviste a pris bien du plaisir à préparer cette exposition et nous à la présenter ! Qu'elle est admirable toute cette côte normande avec ces maisons belles comme des bijoux ! 

Comments

[Geraud Evelyne]

Que c' est triste et dommage que la perte de toutes ces extraordinaires maisons .

[courzac]

Oui, surtout quand on voit comment elles ont été remplacées...

[de Magnienville Timothée]

Hyper intéressant , merci et bravo !

[courzac]

Merci Tim !