Rapa Nui 6- Ranu Raraku, la carrière de moai
Je sais que vous les attendez avec impatience...Je vais ENFIN vous parler des moai !
Pour nous déplacer dans l'île, nous avons beaucoup marché mais aussi loué un scooter durant 2 jours et profité de notre propriétaire qui nous a emmenés toute une journée sur les sites les plus emblématiques de Rapa Nui. C'était merveilleux !!!
Nous avons passé 2 heures dans la carrière de Rano Raraku, là où les Rapa Nui ont sculpté tous leurs moai. Nous avons essayé d'y revenir une deuxième fois tous seuls mais l'accès nous a été interdit du fait que nous étions déjà venus...Une nouvelle politique mise en place, sans réelles raisons apparentes et très très frustrante !!! D'autant plus qu'on paie un droit d'entrée autorisant l'accès à divers sites du Parc pour un montant de 45 €/personne...Les moai ont été sculptés essentiellement entre l'an 1000 et l'an 1680. Environ 900 moai ont été recensés mais combien d'autres, en morceaux ou non ont disparu sous la terre ?
De jolis petits sentiers serpentent entre les moai. Le lieu est très paisible, face à la mer. C'est la fin de l'après-midi. Il est difficile de vous faire partager l'émotion ressentie devant tant de beauté. Savoir que l'on est présent, dans ce lieu unique qui a fait tant couler d'encre ! Chez les Polynésiens ont parle du Mana, de l'Esprit. Nous ne sommes pas loins de sentir sa présence...
Les statues, presque achevées étaient déplacées jusqu'au lieu qui leur était destiné par 4 ou 5 chemins répertoriés. Comment ? Là réside un des mystères. On a longtemps imaginé qu'elles étaient roulées sur des rondins (ce qui expliquerait la déforestation) mais il semblerait plutôt qu'elles étaient transportées debout, à la manière d'une grosse armoire ! La tradition parle de moai qui "dansaient"...
On ne peut pas s'approcher ni, à fortiori toucher les statues.
Pourquoi tant de moai restés sur place ? Chaque moai représentait une personne importante (et riche) décédée. Le taux de "casse" étant très élevé durant le transport et l'installation, les sculpteurs gravaient plusieurs exemplaires identiques.
On ne peut s'empêcher d'être émus face à ces visages de pierre. Avec leur petit air penché, on croirait qu'ils nous suivent du regard, qu'ils s'interrogent...
Je disais qu'ils étaient presque terminés en quittant Rano Raraku car il manque le chignon (nous en reparlerons) et les yeux ! Quand la statue est installée à sa place définitive, les orbites sont creusés pour y caler les yeux réalisés en corail (blanc), tuf (iris)et obsidienne (pupille).
Tel une marmotte de nos montagnes françaises, celui-ci semble surgir d'une cachette !
Je suis fascinée par ces profils si purs, ces mentons volontaires ! Vous remarquerez les oreilles, toujours très importantes, indiquant l'appartenance à la haute caste.
Les trous observés sur de nombreux moai ont été causés par un déséquilibré qui a tiré dessus au fusil...
Ceux-ci semblent veiller sur le troisième, couché à terre...
La tête et le cou représentaient à peu près 1/3 de la hauteur totale du moai.
Certains sont tombés face contre terre tandis que d'autres paraissent implorer le ciel.
Les dimensions des moai ont évolué au fil des siècles. Les plus anciens mesuraient environ 1 m. Le plus grand (celui de la photo) est resté en chantier dans la carrière. Il mesure presque 22 m pour un poids estimé à 180 tonnes ! La plus grande des statues arrivée à bon port mesure presque 10 m pour 74 tonnes. Ce n'est déjà pas si mal...Il semblerait que la taille "critique" des statues tournait autour de 9 m. La carrière recèle 148 "ratages"...
Toujours sur le site de Rano Raraku mais un peu à l'écart, cet étrange moai à genoux semblant porter la barbe...Quelle était sa signification ?
La civilisation des moai s'est éteinte à la fin du XVII ème siècle, semble t'il. Les Courtes-Oreilles (dominés et oppressés par les Longues-Oreilles) se seraient révoltés et se détournèrent du culte de leurs ancêtres. Là encore, plusieurs hypothèses s'affrontent. Les moai ont été mis à terre, chaque clan s'attaquant aux moai de l'autre clan. Une nouvelle religion allait naître, celle de l'Homme-Oiseau dont je vous ai déjà un peu parlé.