Vêtue de rouge
Catherine Leblanc / Godong
Elisabeth de Courrèges - publié le 13/03/23
Elisabeth de Courrèges, ergothérapeute actuellement en mission avec l'Œuvre d'Orient dans une unité de soins palliatifs pédiatrique à Erevan, en Arménie, évoque de manière poétique le rôle inestimable d'une personne malade au milieu des siens.
Vêtue de rouge, placée au milieu de l’assemblée, elle ne dit rien. Elle veille sur ceux qui la veillent.
À certains moments, elle laisse ses yeux se clore et, progressivement, s’endort. Mais cela ne fait rien. Elle veille sur ceux qui la veillent.
Elle est comme cette bougie rouge que l’on appelle « veilleuse », que l’on place dans les églises.
Vêtue de rouge, placée au milieu de l’assemblée, elle a choisi la meilleure place, et elle ne lui sera pas retirée. Parlez-lui de son lit, vous vous ferez renvoyer. Parlez-lui d’hôpital, elle préfère retarder. Parlez-lui d’être tranquille, elle vous rira au nez. Elle veut des jeux, des sourires et des rires. Elle veut des récits d’épopée et des poèmes récités. Elle veut des bobos à soigner et des larmes à consoler. Elle veille sur ceux qui la veillent.
Vêtue de rouge, placée au milieu de l’assemblée, elle veut continuer de vivre et d’exister. Sans s’acharner, sans s’arrêter. Même si elle continue de souffrir, elle veille sur ceux qui la veillent.
Sa présence se fait de plus en plus discrète. Sa présence ne sera un jour plus que spirituelle. Mais sa présence est bien réelle. Elle veille sur ceux qui la veillent.
Vêtue de rouge, placée au milieu de l’assemblée, elle est comme cette bougie rouge que l’on appelle « veilleuse », que l’on place dans les églises en leur lieu le plus sacré et qui rappelle qu’il y a toujours une Présence bien réelle qui veille sur ceux venus pour la veiller.