10 jours fous fous fous pour l'Armada 2023, la 8 ème depuis les Voiles de la Liberté lancées en 1989. Il y a eu ensuite l'Armada de la Liberté en 1994, l'Armada du siècle en 1999, l'Armada de 2003, celle de 2008, 2013, 2019 (nous y étions) et celle de 2023 qui vient de s'achever ce dimanche avec la grande parade, c'est à dire le départ des voiliers de Rouen.
La ville de Rouen ne vit que pour ça durant 10 jours et, dès que l'on s'approche des quais, on aperçoit les mâts des grands voiliers émergeant au dessus des anciens docks réhabilités.
La foule est immense et la queue pour visiter les bateaux est plutôt décourageante, d'autant plus qu'un soleil de plomb s'est invité durant toute la semaine. Il y a 4 ans, nous avions été plus courageux. Finalement, l'essentiel n'est pas là mais dans l'ambiance ! Ici sur le galion El Galeon Andalucia.
L'Armada paie les voiliers pour les faire venir mais, en échange, les voiliers ont obligation d'organiser des visites chaque jour gratuitement , sauf aux temps des repas ou là, ils accueillent gratuitement aussi des réceptions organisées par des entreprises qui paie l'emplacement à l'Armada. Petit-déjeuner, midi et soir.
Accueil pour déjeuner d'invités sélectionnés par une entreprise sur le Thalassa, 3 mâts barque néerlandais lancé en 1980. D'abord nommé Reliquenda, ce bâteau coula en 1994 après avoir heurté une épave de le seconde guerre mondiale en mer de Frise (joli nom !). Il fut renfloué et, après de nombreuses péripéties prit le nom de Thalassa en 1995, ce qui n'a rien à voir avec le navire océanique français du même nom.
Tous les jours, des écoles entières déversaient leurs flots d'élèves vite écrasés de chaleur. Je les plaignais, ainsi que leurs encadrants.
Heureusement, des fontaines à eau fraîche et des brumisateurs ponctuaient régulièrement les quais.
Sur les quais, les anciens entrepots ont été réhabilités au fil des ans et transformés en restaurants multiples et salles de concert. Bien sûr, les restaurants étaient bondés du matin au soir.
Beaucoup de petites tentes présentant des associations de défense de la nature mais aussi des boutiques en rapport avec la mer, de quoi manger et des artistes classiques mais toujours impressionnants.
Rive gauche, le bâtiment de Rouen Métropole. De ce côté de la Seine, les voiliers étaient plus petits. Cette année, 44 bateaux étaient présents. Il manquait tous ceux en provenance d'URSS, bien sûr, sauf un, le Shtandart qui a fuit le pays en 2009. Il arbore d'ailleurs, à la fois un pavillon russe et un ukrainien.
Photo du Shtandart, réplique du navire que Pierre le Grand fit construire en 1903 à St Petersbourg. Son capitaine, Vladimir Martus dit se sentir comme le Général de Gaulle en 1940 ! Avec ses matelots de 9 nationalités différentes, il sillonne les mers durant l'été et s'installe dans un port d'Europe durant l'hiver. Je me demande comment sont payés ces pirates dissidents ?
Comment se lasser d'un tel spectacle ?
On pouvait accéder aux lieux à n'importe quelle heure du jour et de la nuit et l'entrée est gratuite...incroyable ! Chaque jour nous y sommes allés, à des heures différentes car il y a à chaque fois quelque chose de nouveau, une lumière différente. Les quais étant très longs et ouverts seulement aux extrémités (où sont installées des bornes de contrôle très performantes et donc très chères), on marche beaucoup, sans compter qu'il y a 2 rives ! Un jour, j'ai marché presque 14 km dans la journée...sous le cagnard ! Au premier plan, l'Etoile du roy, réplique d'une frégate corsaire de St Malo de 1745. L'entrée sur les quais était fluide mais, plus on avançait et plus la foule se densifiait.
Photo prise du pont Flaubert, sur le temps de midi. Au premier plan, l'Etoile Molène, un dundee thonier basé à Camaret. Il est bien beau en jaune et blanc. Plus loin, le Santa Maria Manuela (Portugal), le Pascual Flores ( Espagne), le Stastsraadt Lehmkuhl (Norvège)...
De l'autre côté du pont, le spectacle se poursuit et s'achève au bout du quai par les navires de guerre français: la Fremm Normandie et le PSP Flamant de Cherbourg.
7000 marins, 30 nationalités et 6 millions de visiteurs...fou ! Ici le Statsraad Lehmkuhl battant pavillon norvégien mais allemand à sa construction en 1914 puis saisi par les Anglais à la fin de la 1ère guerre mondiale. C'est un bateau-école.
Avec mon groupe de visites sur Rouen, j'ai eu la chance d'embarquer sur un bateau pour touristes et ainsi de contempler les navires sous un autre angle. Ces petits bateaux pour touristes viennent de partout: de Normandie mais beaucoup aussi de Bretagne, dont les vedettes de Bréhat, Chausey, de la Côte de Granit Rose etc. C'est l'Armada qui les fait venir et je me demanqe comment ils se débrouillent à Bréhat quand les bateaux manquent à l'appel ? Tous ces bateaux sont pris d'assaut par des touristes (beaucoup de 4 ème âge) mais aussi des écoles.
Venu d'Andalousie, El Galeon Andalucia est la réplique d'un galion du XVIIème siècle. Un vrai bateau de pirates !
Reconnaissez-vous le splendide Belem, navire-école français, très souvent présent à l'Armada ? C'est le dernier 3 mâts français à naviguer. Mis à l'eau en 1886 à Nantes pour transporter des marchandises, il échappe de peu à l'éruption de la Montagne pelée, en Martinique en 1902. Peu avant 1914, il est remplacé par des bateaux à vapeur plus rapides et racheté par le duc de Westminster qui le transforme en yatch de luxe qui portera plusieurs noms, en fonction de ses divers propriétaires. En 1951 il devient navire-école italien avant de passer sous pavillon français en 1979, racheté par la Caisse d'Epargne. Cédé à la Fondation Belem en 1980, il est classé monument historique en 1984, puis subit de nombreuses transformations pour devenir navire école-civil en 1987. Que d'aventures et quelle belle allure !
Je m'arrête pour aujourd'hui avec le chouchou des Rouennais, le Cuauhtemoc, portant fièrement le pavillon méxicain. Présent à chaque Armada, ses marins basanés ont un succès fou...Le 3 mâts barque, au nom du dernier empereur du Mexique a été construit en 1982 à Bilbao. Ce navire-école a vraiment le désir de faire connaître la culture et les traditions méxicaines et relève de nombreux défits comme la traversée de l'Atlantique en 22 jours et le Cap Horn en 1993. Il y avait toujours la queue pour se faire photographier avec les marins qui ne boudaient pas leur plaisir. On ne voyait qu'eux, on n'entendait qu'eux !
La proue du Cuauhtemoc, ce qui signifie en nahuatl "l'aigle qui descend sur sa proie".
A demain, où nous nous retrouverons de nouveau sur les quais de l'Armada.